New York, 19 Octobre 2015 — En marge de l'Assemblée générale des nations Unies à New York le mois dernier, plusieurs leaders mondiaux se sont échangés sur le Programme urbain pour l'Afrique (AUA, de African Urban Agenda en anglais), le Programme post-2015, le Programme Afrique 2063 afin de s’accorder en vue du sommet des chefs d’Etats de 2016 et de la conférence Habitat III.

Le Programme urbain pour l'Afrique est une initiative d’ONU-Habitat visant à établir l'urbanisation durable comme condition indispensable au développement général de l’Afrique.

Dans son discours, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a déclaré que « deux tiers de la population totale d’Afrique, estimée à  2,5 milliards en 2063, auront besoin de services urbains essentiels. L'Afrique doit être prête, » ajoutant que, malgré étant le continent le moins urbanisé actuellement, l’Afrique connait la plus importante croissance urbaine du monde.

Remerciant les représentants de l'Afrique pour leur leadership et leur engagement envers le programme AUA, M. Ban a souligné qu'un développement urbain bien géré améliore aussi la situation des zones rurales. Par conséquent, des liens urbain-rural forts sont essentiels pour une Afrique en plein processus d'urbanisation.

Réagissant à ces propos, Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de l’Union Africaine, a ajouté que « les efforts nationaux, régionaux et continentaux pour hisser l'Afrique au prochain niveau seraient grandement renforcés si tous les pays reconnaissaient l'urbanisation comme un pilier essentiel du développement régional. »

D'autre part, une urbanisation non planifiée entraîne une augmentation de la pauvreté, de l'insécurité et d’autres maux sociaux. Cela érode les progrès réalisés par les institutions telles que l'ACP qui, selon son Secrétaire général, Patrick Ignatius Gomes « s’est engagée à abolir la pauvreté où qu’elle soit, aussi bien en milieu urbain que rural. » Par conséquent, l'Afrique doit anticiper et planifier le développement de ses villes afin d’être en mesure d’accueillir encore plus d’habitants dans un espace de plus en plus limité.

Cependant, à eux seuls, la planification et les réformes des politiques urbaines ne suffiront pas à réguler les flux des populations – libres de mouvement – vers les villes. Simbarashe Mumbengegwi, le ministre des Affaires étrangères du Zimbabwe et Jean Pierre Elong Mbassi, Secrétaire général de Cités et Gouvernements locaux unis d'Afrique (CGLUA) ont exhorté les dirigeants africains à soutenir les urbanistes et à collaborer avec les autorités gouvernementales et locales afin de mieux informer la population sur les défis des villes pour lui permettre de mieux participer au processus de développement urbain.

« Il n’y a pas de bidonville amélioré, modernisé. Un bidonville reste un bidonville, » a déclaré Akinwunmi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), soulignant la nécessité de libérer l’Afrique de ses taudis « parce que personne ne veut vivre et être élevé dans les bidonvilles » – comme l’a été lui-même.

Aussi, « améliorer les bidonvilles ne sert à rien si les habitants ne sont pas en position de changer de mode de vie, » a ajouté M. Elong Mbassi. Selon lui, tous les pays africains ont la capacité d'éradiquer les établissements informels, d’assurer la sécurité dans les quartiers et de concevoir des villes qui sont des pôles culturels, éducatifs et économiques dans leurs pays.

Adesina a confirmé le soutien de la BAD au développement des villes africaines. Il a évoqué la création d'un fonds de développement urbain pour les municipalités, ainsi que l’appui aux villes africaines pour développer leur résilience climatique à travers un financement spécifique. Il a aussi indiqué d’approfondir la coopération avec l'UA, la CEA, ONU-Habitat et d'autres partenaires partageant les mêmes idées.

George Afamefuna Ossi, Secrétaire permanent au Ministère du Foncier, du Logement et du Développement Urbain du Nigéria a réaffirmé le soutien financier de son pays au développement urbain africain à hauteur de 3 millions de dollars sur la période de 2013 à 2016.

Ces fonds sont destinés à permettre aux pays africains de participer à la Conférence des Nations unies pour le logement et le développement urbain durable (Habitat III), à ​​établir l'urbanisation comme un impératif au développement durable, et d'articuler une position commune qui reflète les réalités urbaines de l’Afrique. M. Ossi a aussi appelé les autres Etats membres à soutenir ONU-Habitat par le biais de dotations directes au budget général et non affectées.

Selon lui, ces efforts vont accélérer la croissance économique, l’essor de la prospérité et l’avènement d'un avenir meilleur en Afrique au terme de 2063.

L'urbanisation planifiée est un outil du développement durable ; l’Afrique doit s’engager à atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), en particulier l’ODD 11 qui offre au continent l’opportunité d’embrasser la planification urbaine efficace afin de rendre les villes et établissements humains inclusifs, sûrs, résilients et durables.

Les leaders mondiaux ont eux aussi convenu de l'importance de l’urbanisation planifiée. Ils se sont engagés à participer à la conférence Habitat III que M. Ban a  qualifié « d’occasion extraordinaire pour façonner l'urbanisation en Afrique. »