Addis-Abeba 31 Mars 2015. Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, Président de la Commission de l’Union africaine, a déclaré que les Chefs d’État africains devront, lors de leurs deux prochains Sommets qui se tiendront à Addis-Abeba et à Kigali, accorder une attention particulière aux questions relatives à l’urbanisation pour bien confirmer que ce thème figure dans leurs préoccupations majeures.
Elle a, par ailleurs, précisé dans son propos, que les deux Sommets aboutiraient à la position commune de l’Afrique présentée lors de la Troisième Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement durable des centres urbains (Habitat III), qui se tiendra prochainement à Quito, en Équateur, en octobre 2016. Elle a laissé entendre que le Programme d’action pour le développement urbain de l’Afrique (l’Agenda urbain de l’Afrique) devrait être adopté par l’organe décisionnel suprême de l’Afrique - le Sommet des Chefs d'Etat.
Ces propos ont été tenus par la Présidente lors d’une réunion de concertation organisée par la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), l’ONU-Habitat et la Commission de l’Union africaine (CUA). En réponse à l’urbanisation rapide de l’Afrique et pour relever les défis qui en découlent en matière de développement, le Groupe d’experts de haut-niveau s’est réuni le 28 mars 2015 pour un échange de vues sur leurs expériences respectives et proposer des recommandations portant sur l’urbanisation et la transformation structurelle en Afrique, conformément à la Vision et au Programme d’action développés par l’Union africaine pour les cinquante prochaines années, connus également sous l’appellation de Programme d’action de l’Union africaine pour le développement de l’Afrique à l’horizon 2963 (Agenda de l’Union africaine à l’horizon 2963).
Parmi les délégués présents à cette réunion figuraient des décideurs politiques, des hauts fonctionnaires des organisations africaines à vocation continentale, des hauts fonctionnaires des gouvernements africains ainsi que des responsables des départements ministériels en charge des finances et de la planification, des urbanistes, des représentants des entreprises privées et des personnalités du monde universitaire.
L’allocution d’ouverture a été prononcée par le Dr Khabele Matlosa, Directeur des Affaires politiques à la Commission de l’Union africaine représentant la Commissaire aux Affaires politiques de l’Union africaine. Il a expliqué que l’objectif défini dans le cadre de la course vers la transformation structurelle du continent est, à la fois, un pari exaltant et réalisable, avec la conjugaison des efforts de l’ensemble de nos parties prenantes, en particulier, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA).
Selon les projections en matière de développement urbain de l’Afrique, la démographie urbaine du Continent passera de 400 millions à 1,2 milliard de citadins qui, dans leur grande majorité, habiteront dans les bidonvilles ou dans les habitats informels. Bien que l’Afrique soit la région la moins urbanisée du monde, la croissance rapide de sa population urbaine devrait faire l’objet d’une attention qui va bien au-delà de la rhétorique habituelle. L’adoption d’un agenda politique qui pèserait de tout son poids sur la mise en œuvre accélérée du développement urbain du Continent est une nécessité fondamentale.
Selon M. Marco Kamiya, de la Section de l‘ONU-Habitat en charge de l’économie urbaine, l’Afrique, à l’heure actuelle, est une image caricaturale de l’Asie des années 60 et de l’Amérique latine des années 20. Mais, fait-il valoir, il existe toujours une possibilité de tirer des leçons concrètes des erreurs et des bonnes pratiques des deux régions. Le professeur Fantu Cheru relève, par ailleurs, que face à la croissance rapide des villes d’Afrique, les autorités politiques doivent faire des choix réfléchis qui les amènent à considérer la transformation économique et sociale comme un projet politique, à l’instar de l’Ethiopie ces dernières années.
Dans son intervention, M. Madala Masuku, Vice-ministre sud-africain du Développement économique, a brossé en quelques lignes les antécédents historiques de l’exclusion dont les villes africaines ont souffert, du fait du régime de l’apartheid en Afrique du Sud et du système colonial dans de nombreux pays africains qui limitaient la circulation des populations à l’intérieur de leur pays et au-delà de leurs frontières. Au regard de ce qui précède, la réponse de l’Afrique à l’urbanisation devrait profondément prendre en compte l’inclusion sociale et économique. Les Plans nationaux de développement devraient définir de nouveaux axes de croissance qui favorisent l’industrialisation, la recherche et le développement, ainsi que l’innovation, l’économie verte et l’économie du savoir.
Prenant la parole à son tour, M. Akin Oyateru, Représentant permanent du Nigéria auprès du PNUE et de l’ONU-Habitat a déclaré que dans le but de contrôler leur propre processus de transformation du continent, les Chefs d’État et de gouvernement africains ont décidé, dans le cadre des préparatifs de la prochaine Conférence, d’engager un processus de transformation adapté aux exigences du continent africain qui s’appuie sur la mobilisation, la planification, la formation et la collaboration judicieusement pensées.
De son côté, Mme Sekyiwa Ahenkora, Représentant permanent adjoint du Ghana auprès du PNUE et de l’ONU-Habitat a également encouragé les États membres à soutenir l’Agenda urbain de l’Afrique en mobilisant en faveur de ce Programme les ressources qui permettront de renforcer les partenariats appelés à favoriser l’appropriation de sa mise en œuvre à tous les niveaux. Le Nigeria et le Ghana sont les principaux garants du Programme africain de développement urbain et en sont également les principaux bailleurs de fonds dont les contributions s’élèvent à 3 millions de Dollars américains et à 500 mille Dollars américains respectivement.
Dans son intervention, le Dr Aisa Kacyira, Directeur exécutif adjoint de l’ONU-Habitat a souligné le rôle important que devraient jouer les Chefs d’État et de gouvernement dans la détermination d’un objectif commun partant duquel ils pourraient exploiter les questions relatives à l’urbanisation, et a souligné la nécessité de leur associer également les dimensions du développement en milieu rural lorsqu’il s’agit d’aborder les questions urbaines. Elle a rappelé aux délégués que l’urbanisation pourrait servir de facteur de réconciliation, de consolidation de la paix et de lutte contre le changement climatique au-delà des avantages économiques qu’elle présente. Elle a exhorté chacun des délégués à considérer les objectifs commerciaux, culturels et de préservation du patrimoine comme des paramètres de la promotion de l’intégration des villes.